Elle était annoncée comme LA star de cet hiver !… Découverte en mars 2022 par le système automatique Zwicky Transient Facility (ZTF) de l’Observatoire du Mont Palomar, cette comète non périodique qui provient du Nuage d’ Oort est passée à son périhélie le 12 janvier dernier, et à son périgée le 1 février dernier. A cette occasion, elle devait devenir visible à l’œil nu (magnitude 6) et facilement observable dans un petit instrument. Elle est la plus grande comète observée depuis la comète Neowise en 2020.
Petit rappel sur le nom de la comète, C/2022 E3 ZTF :
C : signifie que c’est une comète non périodique ou à très grande période (dans ce cas elle est estimée à 50 000 ans). Bref on est pas prêt de la revoir !!!…
2022 : c’est l’année de découverte
E : permet d’identifier la quinzaine de l’année où la comète a été observée. Dans ce cas c’est début mars, donc la 5ème quinzaine de l’année, donc 5ème lettre de l’alphabet
3 : c’est la 3ème comète découverte pendant cette 5ème quinzaine de 2022
ZTF : du nom du découvreur, ici le réseau automatique Zwicky Transient Facility du Mont Palomar
Force est de constater qu’elle n’est pas évidente à observer cette coquine …J’ai profité du passage de la comète à proximité de la planète Mars et des Hyades pour la repérer facilement dans des jumelles 10×50. Toute la famille en a profité pour l’observer aux jumelles et dans le télescope. Après avoir bien repéré sa position aux jumelles, Carole et une de mes filles affirment voir la comète à l’œil nu …moi que dalle …la vieillesse surement !!…
Bref, vu qu’on l’a trouvé, que la météo est bonne et qu’il n’y a pas de Lune dans le ciel, je suis parti pour lui tirer le portrait à l’aide du télescope, histoire de garder un petit souvenir. Alors d’abord j’ai ramé pour la (re)trouver dans le champs. Heureusement j’avais mon équipe de choc (Carole et les filles) pour m’aider, un vrai bonheur !!…
Juste avant, en voulant faire la MAP au masque de Bathimov sur Aldébaran qui n’était pas loin, je me suis aperçu que le tube était bien décollimaté (horreur…), et pas qu’un peu ! j’ai donc refait une collimation rapide. Il faudra la refaire plus tard proprement car la comète commençait à bien avancer dans le ciel et je n’avais plus beaucoup de temps avant qu’elle ne passe de l’autre côté de la maison.
Au final j’ai fait l’acquisition de 80 poses de 30 secondes à 1600 ISO, au foyer du C8 équipé du réducteur de focale F/6.3 (donc à 1260 mm de focale environ). Pas eu le temps (et le courage …) de faire des DOF. C’est au traitement que les choses se sont nettement compliquées, car la registration cométaire c’est tout un art. J’ai d’abord commencé à récupérer des vieux DOF pour le prétraitement. Malheureusement les flats que j’ai utilisés ne sont visiblement pas bon. J’ai essayé sans flat, et même sans DOF, mais c’est pas beaucoup mieux …
Première « image » que j’ai réussi à sortir ce n’est pas une image, mais une animation des 80 poses. Pour cela j’ai utilisé Siril, avec l’aide de l’excellent tuto de Elsasstronomy, ce qui m’a permis de registrer correctement mes 80 poses sur les étoiles en appliquant un retrait du gradient et une bonne colorimétrie, et étirement de l’histogramme. J’ai ensuite utilisé PIPP pour faire l’animation des 80 images prétraitées dans Siril, et gérer le format de sortie (Siril me faisait une vidéo de plusieurs Go …). Voilà le résultat ci dessous. On constate qu’elle se déplace vite cette bougresse à cette focale !!
Je suis ensuite passé sur un empilement d’images avec registration sur le noyau. Globalement cette étape ça va, par contre par super satisfait du résultat final, mais bon on fera avec… 3 versions :
– l’empilement global, où j’ai presque réussi à faire disparaitre les trainées d’étoiles . Par contre le « magnifique donut » est du à des flats pourris …)
– un crop de l’image précédente où l’on voit tous les défauts de l’image …
– un empilement sans DOF avec un léger crop. C’est peut être l’image la plus « nette » que j’ai obtenue de la comète (faut pas regarder le reste …)
Dans tous les cas, on voit bien la queue de poussière qui va vers le haut, et on devine la fine queue ionique vers la gauche du noyau.

40 min de poses cumulées à 1600 ISO
Pour terminer j’ai tenté de faire une combinaison de l’image nette de la comète avec l’image nette des étoiles. Bon ben j’ai pas réussi à sortir un truc potable : soit il n’y avait plus de signal sur la comète, soit on voyait encore beaucoup trop les trainées (la starless est vraiment pas belle…). Donc vous ne verrez rien !!!!
Au final, pas trop mécontent tout de même d’avoir un petit souvenir du passage de cet « astre errant », car vu la météo et mon planning c’était bien parti pour faire choux blanc sur cette affaire !!!…
De plus c’est un vrai plaisir de partager cette séance d’observation en famille …merci les filles !!!!!
Condition d’observation
– Lieu : Saint-Côme du Mont (50).
– Date : Nuit du 13 février 2022 entre 22h et 23h locale
– Météo : ciel très clair, température en 0 et 5°C
– Instrument : Celestron 8 + monture AZEQ6 + réducteur de focale Celestron F/6.3
– Imageur : APN Canon EOS77D
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